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Poison d'avril ?

#Produits du terroir

Jeremy Blondin Le lundi, 3 avril 2023 à 06:00
Poison d'avril ? Poison d'avril ?
Cet « épisode » est un peu différent, il ne parle pas principalement d’agriculture mais de la jungle d’informations liées à l’agriculture et de notre capacité à décelé le vrai du faux.

Le premier avril est l’occasion pour nous de réfléchir à un légume hybride qui n’existe pas encore, grappe de tomates de couleur orange avec une mandarine, tomate bleu, botte de « caromattes », etc… Un exercice très sympa à faire que nous essayons de faire méticuleusement et malgré tout le temps et le soin que nous apportons à l’exercice, la nouvelle est instantanément « grillée », est-ce frustrant ou rassurant ?


Un peu des deux car d’un côté on se dit pourquoi sommes-nous considérés comme incapables de défier l’impossible, ne sommes-nous pas suffisamment compétents, innovants ? De l’autre côté on se dit tant mieux car cela veut dire qu’il y a encore une majorité de personnes qui prennent le temps de vérifier la source d’une information, de s’interroger de l’authenticité de l’information avant d’y croire et de la partager. Cependant le 1er avril les gens sont particulièrement sur le qui-vive et bombardés de fake-news plus ou moins « évidents » donc plus dubitatifs à l’idée d’accepter de nouvelles idées et ou informations.



Pourquoi est-ce que les 364 autres jours de l’année baissons-nous notre garde concernant le flux énorme d’informations que nous recevons. De plus en plus seuls les gros titres des articles sont lus, avec l’arrivée des nouvelles technologiques Chat GPT et autre intelligences artificielles génératrices d’images ou vidéos voire enregistrement audio comme les « deepfakes » il va devenir de plus en plus difficile de distinguer le « vrai » du faux ». L’apogée des réseaux sociaux a donné la voix et de la visibilité à qui le souhaite, un « influenceur » possède des millions de « followers » et donc une audience bien plus large que nombre de professionnels du sujet. Pourquoi une information le plus souvent scandaleuse et négative devient virale sans aucune vérification de qui amène ces données et d’où elles viennent alors qu’un article intéressant ou une vidéo d’un agriculteur démontrant la réalité du terrain ne dépassent pas bien souvent quelques vues ? Je ne saurais répondre à ces questions et c’est vraiment ce qui m’a poussé à commencer ce blog et me fera continuer, la possibilité pour vous d’avoir contact avec un maraîcher qui se pose des questions, qui essaie autant que possible de présenter les choses objectivement et qui souhaite faire les choses de la meilleure manière possible. De mon côté c’est indispensable d’avoir le point de vue d’autres personnes, d’avoir des questions que je ne me serais pas posées tout seul et j’en passe. Je remercie toutes les personnes qui me sollicitent et me permettent ainsi d’avancer dans la bonne direction.


Il n’y a pas de blanc ou de noir, la réalité est une notion biaisée et très personnelle qui dépend de notre interprétation des faits et non pas des avis, ainsi que de nos croyances et de nos expériences de vie. Je suis effaré de l’agressivité qu’il y a contre le monde agricole, on a l’impression que l’on fait tout faux et le nombre de théoriciens « yaka-fokon » va grandissant. L’agriculture est un sujet vaste avec un nombre énormes de tenants et aboutissants, aucune décision n’est « facile » à prendre car l’effet domino qui s’en suit peut-être lourd de conséquences. Par exemple on décide de supprimer un herbicide (produit visant à détruire les mauvaises herbes), on pense avoir amélioré le monde en supprimant 2lt de produit sur 10’000m2 de cultures, derrière cela implique du travail mécanique en tracteur donc du tassement du sol, des heures de travail en plus, des dizaines de litres de mazout nécessaires, une efficacité moindre, etc… On peut donc avoir avancer d’un pas « évident » et reculer de « deux pas » invisible je vous en présenterais quelques exemples bientôt.



Ces derniers temps j’ai posé plus de questions que je n’ai donné de réponses et cela m’a permis de me rendre compte qu’il y a beaucoup d’incompréhensions, d’amalgames et d’inconnus dans nos propos qui sont souvent trop compliqués. Lorsque je parle d’engrais, de produits phytosanitaires ou encore pire de pesticide, de biodiversité, durabilité, naturel, BIO et j’en passe il y a un monde entre la réalité de ce que représente réellement ces termes et comment les gens les perçoivent, les simplifie, les déforme.


C’est bien connu nombre de personnes cherchent des informations et des idées qui confirment les leurs. Il est rare de chercher à comprendre des points de vue différents des nôtres, de faire réellement preuve d’empathie en se mettant à la place de ces personnes et en essayant réellement de comprendre leur raisonnement. On écoute trop souvent pour répondre et non pas pour comprendre.


Dans une société qui cherche à nous diviser, je suis convaincu que les solutions d’avenir résident dans la mise en commun des connaissances, l’échange, la complémentarité des modes de cultures et des solutions techniques et dans l’innovation.


Encore une fois je vous remercie de votre confiance et de favoriser les produits locaux, chaque achat est une prise de position, un investissement dans notre futur et celle des générations futures. Favoriser les produits locaux, c’est favoriser les conditions de cultures les plus durables du monde, opter pour les produits les sains et les plus frais.


On se retrouve lundi prochain pour la suite. Je vous souhaite une belle semaine à tous et de belles fêtes de Pâques.


Jeremy Blondin