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Le sec et les légumes

#Produits du terroir

#Technique

Jeremy Blondin Le mardi, 23 août 2022 à 09:30 Dernière modification le mardi, 23 août 2022 à 10:56
Le sec et les légumes Le sec et les légumes
L'année 2022 est très sèche, Quelles conséquences pour nos légumes

En introduction je vous propose un petit rafraîchissement (sans jeu de mot...) sur les légumes. Mais qu'est-ce que c'est donc qu'un légume ? Pour les pressés la conclusion est au dernier paragraphe comme à chaque fois.


Définition: Plante cultivée dont on consomme, selon les espèces, les feuilles, les racines, les tubercules, les fruits, les graines. Botaniquement parlant un légume n'existe pas il s'agit d'un "mode de consommation. On parle donc d'une multitude d'espèce avec des besoins spécifiques. Une tomate par exemple est un fruit botaniquement parlant qui est consommée en tant que légume d'ailleurs j'adore une citation de Frédéric Jézégou: "La connaissance, c'est savoir qu'une tomate est un fruit. La sagesse c'est de ne pas la mettre dans une salade de fruits" on pourrait ajouter que la philosophie c'est de savoir si cela signifie que le ketchup est un smoothie...


Un légume est constitué majoritairement d'eau, plus de 90% pour la majorité d'entre eux, voir 95% pour un concombre ou une tomate.Le corps humain est constitué lui d'environ 65% d'eau pour comparer. Pour se développer un légume a besoin d'eau c'est un fait, pas d'eau, pas de vie, pas de légume. Cependant il peut puiser l'eau sous plusieurs formes par exemple l'humidité dans l'air, dans le sol plus ou moins profondément, la rosée le matin, l'irrigation, etc... Et l'eau ne sert pas qu'à arroser les cultures elle joue un rôle important également pour l'humidité, "l'ambiance" de la culture, c'est une porte ouverte à de nombreuses maladies et un climat trop sec peut favoriser des insectes ravageurs comme les acariens.


En fonction de son enracinement un légume supportera plus ou moins bien une période de sec. Un jeune planton avec très peu de racine nécessite des apports d'eau faible mais régulier car il a peu de racine. Au fur et à mesure du développement de la culture les racines vont se développer, environ 30cm de profond pour une enracinement superficiel (ex. céleri) , environ 60cm pour un enracinement moyen (carotte) et 90cm et plus pour un enracinement profond (Rhubarbe). Par exemple si vous avez une nappe superficielle sous votre terrain des plantes à enracinement profond n'aura quasiment pas besoin d'arrosage. Selon la période à laquelle vous plantez votre légume le développement racinaire ne sera pas le même et les besoins en eau différents. Le type de sol (voir l'article sur les substrats) joue également un rôle, un sol lourd et argileux va retenir de l'eau tandis qu'un sol sablonneux ne retiendra quasiment rien. Une culture en pot, en substrat ou encore en hydroponique bénéficie d'un réservoir plus faible et nécessite un apport d'eau plus régulier.L'avantage de ces systèmes est de pouvoir recycler l'eau de drainage limitant ainsi les pertes par évaporation ou ruissellement. Quel climat avons-nous lors de ce manque d'eau ? S'il fait 35° grand soleil cela n'a pas le même impact que si il fait 18°. Y a-t-il du vent ? Quel est l'humidité de l'air, avons-nous de la rosée le matin, quelle température de nuit, etc...


La façon d'arrosé est également très importante. Vous arrosez de nuit il y aura moins de perte par évaporation, moins de vent, plus de risque sanitaire car l'eau va rester plus longtemps. On arrose de jour, il y a un risque de brûlure car la goutte fait une "loupe", plus de perte potentielle. Est-ce que vous arrosez par goutte à goutte, micro asperseur, au canon la taille de la goutte aura un impact sur la battance du sol (la tendance au sol de faire une croûte) et la précision de l'apport de l'eau qui doit être adaptée à la culture et à la capacité d'absorption du terrain, est-ce qu'il est en pente, orienté Nord ou Sud, etc.... Finalement la dose apportée est également très important, si l'on souhaite ré humidifier le sol en profondeur il faudra une quantité d'eau plus importante étalée sur une période relativement longue. SI on apporte trop d'eau trop vite le sol n'est pas capable de l'absorber le problème des orages de nos jours qui sont de plus en plus fort sur un laps de temps réduit. Si l'on apporte trop peu d'eau on humidifie les 5 cm supérieurs qui vont sécher très vite il faudra revenir rapidement. L'avantage ces micro douches nous allons rafraîchir la culture et diminuer la température. Pour imager mes propos prenons la pluie, il pleut en moyenne 1468 mm par an à Genève, soit environ 1'468 litres d'eau par m2 par an. Idéalement si il pleuvait la même quantité d'eau toutes les semaines nous aurions 28 litres par semaine toutes les semaines ce qui serait idéal. Malheureusement nous ne vivons pas en théorie, il pleut plus l'hiver, moins l'été, il peut y avoir 200lt un jour et rien pendant 3 mois de plus la météo est très régionale, la semaine dernière il y a plu environ 25 lt sur notre entreprise et plus de 100 lt dans la région de St-Gall en Suisse orientale...


Pour finir il y a de nombreux moyens d'optimiser l'utilisation de l'eau mais aucun n'est parfait à 100%. Des bacs de rétention pour utliser l'eau de pluie ce qui se fait avec les serres, par contre il pleut beaucoup l'hiver et nous en avons besoin principalement l'été donc quasiment impossible de récupérer toute l'eau. Dans les sols il est important de sarcler pour casser cette croûte et faciliter l'absorption d'eau tout en luttant contre les adventices (mauvais herbes) qui consommeront l'eau à la place des cultures. On dit qu'un sarclage vaut 3 arrosages. Cela nécessite du temps de travail, des conditions de travail "sèches" si le terrain est humide cela ne fonctionnera pas et on risque de tasser le sol. Faire des arrosage localisés sur les cultures avec des outils d'irrigation adaptés pour éviter les pertes en arrosant les routes, à cause du vent etc,... Utiliser des cultures adaptées à la saison et la région, travailler avec des parcelles à l'ombre d'arbres par exemple ou encore à l'ombre de panneaux solaires c'est une technologie qui se développe également. Finalement également travailler le taux de matière organique dans les sols pour améliorer leur capacité de rétention d'eau. Finalement la technologie nous aide également, les cultures "high-tech" permettent également d'optimiser les ressources par exemple l'aéroponie pour les salades où nous utilisons moins de 5lt d'eau par pièce de salade mais (environ vingt fois plus d'eau pour la rincer....)


Pour conclure vous serez frustrés car je ne vous ai pas donnée de conclusion clair nette et précise, oui les cultures souffrent du sec. Comme nous elles préfèrent un climat doux, frais, elles préfèrent boire un verre d'eau toutes les deux heures que 50 lt le lundi et plus rien de la semaine. Je le dis toujours que feriez-vous à leur place ? Un peu d'ombre ça aide, la fraîcheur la nuit également, etc....

Donc oui les cultures ont souffert du sec, ceux qui étaient équipés et qui on pu arroser ont limité la casse mais les coûts d'irrigation seront élevés. Ce n'est pas du gaspillage que d'arroser les cultures car les cultures entretiennent les sols, nous nourrissent, transforment le co2 en oxygène et le cycle de l'eau fait que l'eau suit un cycle qui se répète indéfiniment (mer, atmosphère, terre, ...) Les légumes qui ont souffert seront peut être tordus, tâchés, plus petit, les récoltes seront plus faibles par contre les nutriments et le goût seront surement plus élevés car moins dilués vu qu'il y aura moins eu d'eau....


L'eau est essentiel à la vie, à la culture, les producteurs qui disent travailler sans arrosage, sans eau sont des menteurs par omission. Les légumes trouvent l'eau nécessaire à leur développement ailleurs par exemple dans le sol ou dans l'air. La qualité de l'eau est également un facteur très important, est-ce de l'eau potable, de l'eau de forage est-elle riche en élément x ou y. Nous travaillons aux Mattines de plus en plus sur la structure de l'eau et ses effets. Une molécule d'eau qui passe dans des pompes, traversent des champs magnétiques et autres est forcément impactée et inefficace. Le pouvoir mouillant de l'eau est affectée ainsi que la tension de surface est différente. La qualité de ce que vous allez boire aura un impact direct sur vos performances, comme un moteur de compétition il nécessite un carburant de haut vol pour performer.


Encore une fois il n'y a pas de blanc ou de noir ni de réponse clair et nette, ça dépend de beaucoup de facteurs ! Je vous remercie de votre attention, de rester ouvert d'esprit de vous poser des questions et de consommer local. L'augmentation des surfaces imperméables à coups de béton et enrobés bitumineux plus l'augmentation de la population créé également un énorme chamboulement dans le cycle de l'eau sa capacité à être stockée dans les sols et les inondations potentielles mais c'est un sujet à part entière...


Au plaisir


Jeremy Blondin

Image: le cycle de l'eau. Source: Wikipedia