Bonjour à tous.
Aujourd’hui je vais vous parler de la culture aéroponique et principalement pourquoi nous travaillons avec cette technologie et ce qui nous a poussé à travailler de cette manière.
Nous attaquons la troisième année de culture au Domaine des Mattines avec notre technologique « Swiss Made » de la société Clean Greens. Nous avons cultivé jusqu’ici des dizaines de sortes de salades différentes ainsi que des herbes aromatiques. Cette année l’objectif est de cultiver de la jeune pousse à l’aide des nouveaux supports de cultures qu’ils ont développé.
Vous êtes surement un peu confus avec tous ces noms « barbare ». On s’y perds entre hors-sol, hydro, aéro, aqua, etc…. Il s’agit d’un système communément appelé « Hors-sol » vu que nous ne travaillons pas dans le sol en place, et comme son nom l’indique « aéro » le mode de culture est riche en oxygène ce qui est l’avantage principal de ce système. Les racines sont dans l’air en permanence et nous apportons « à boire et à manger » à l’aide d’une solution nutritive qui est brumisée sur les racines et la plante consomme ce dont elle a besoin et l’excédent est récupéré et ré-utilisé.
Le système hydroponique consiste à travailler dans des gouttières avec une solution nutritive qui ruisselle, il y a moins de place pour les racines et moins d’oxygène à disposition. Le système aquaponique consiste à coupler une solution de pisciculture à savoir un élevage de poisson sur lequel on vient récupérer les déjections des animaux pour fertiliser une partie des cultures. Finalement il y existe également le système de « floating » où les plantes flottent dans un grand bassin. Chaque système possède des avantages et des inconvénients.
Tous ces systèmes ont pour même objectifs de produire mieux et plus. Il y a de nombreux enjeux à commencer par l’emprise au sol. Avec l’augmentation de la population mondiale les surfaces de cultures agricoles diminuent, chaque mètre carré doit être optimisé. Avec 1ha de culture aéroponique nous produisons autant que sur 10ha de cultures en plein champs et nous pouvons produire sur un terrain qui ne conviendrait pas pour l’agriculture, la seule nécessité étant d’être relativement « plat ».
Ce système est en circuit fermé, nous économisons de l’eau et des fertilisants en très grandes quantités vu qu’il n’y a aucune perte sur l’extérieur, pas d’évaporation ou de ruissellement. Les besoins en eau sont diminués de près de 90% avec ce système et nous pouvons récupérer l’eau de pluie sur les toitures de serre.
Travailler sous abris permets de diminuer les risques de culture, nous protégeons les cultures des attaques extérieurs et donc nous protégeons nos cultures sans utiliser de pesticide de synthèse tout au long de l’année.
Un enjeu social également ce système produit 12 mois sur 12 de manière régulière ce qui permets de fidéliser nos collaborateurs et de proposer des postes de travail à temps plein tout au long de l’année. La récolte peut se faire par tout temps et également en restant debout ce qui diminue fortement la pénibilité du travail comparativement à la récolte traditionnelle qui se fait au niveau du sol.
Vu que nous diminuons les risques et que nous récoltons de manière plus régulière nous améliorons la sécurité alimentaire du pays ainsi que le taux d’autoconsommation.
Finalement ce système permets de produire plus avec moins et surtout une meilleure qualité. Les salades sont propres il n’y a pas de terre à la suite d’un orage ou de risque de souillures par la faune.
En ce qui concerne les challenges il y a bien sur un besoin d’énergie pour tempérer les cultures, nous travaillons avec des écrans thermiques, de l’intégration de température et un système d’open buffer qui permets de récupérer le co2 des fumées de combustion et ainsi fertiliser les cultures et optimiser la photosynthèse. Nous avons également besoin d’électricité pour éclairer artificiellement les cultures l’hiver afin de garder un rythme de croissance régulier malgré la diminution de la durée des jours.
Ce système est couteux également, cela nécessite un investissement considérable et une bonne analyse du marché avant de se lancer afin d’être certain de pouvoir vendre sa production.
Il y a des risques de panne également et l’obligation de remettre le système en service très rapidement afin que les racines et les cultures ne sèchent pas.
C’est un mode de culture qui sera omniprésent dans les années à venir j’en suis certain, cela permets de produire des légumes de haute qualité, dans des conditions optimum. Le challenge au niveau de ce mode de culture est au niveau du « marketing » et de la vente car l’agriculture souffre selon moi d’une image très pittoresque pour ne pas dire préhistorique. Ce genre de système nécessite d’être expliqués et compris car une photo sans contexte est très souvent mal interprétée.
Pourtant le monde entier a évolué, aucune métier ne se pratique de la même manière qu’il y a 50 ans. Nous sommes de plus en plus et de moins en moins de personnes travaillent dans le secteur agricole, il faut donc trouver des systèmes qui permettent de produire de manière durable si nous voulons pouvoir manger des produits frais dans les années à venir.
Vous pouvez découvrir la saladerie sur la vidéo en ligne et je vous partagerais une vidéo sur les réseaux dans la semaine pour vous présenter plus en détail le système.
Je vous souhaite à tous une belle semaine, on se retrouve lundi et en attendant… Mangez des légumes !
Jeremy Blondin